Comme beaucoup de dessinateurs aujourd’hui et pour optimiser mon temps de travail, j’ai souvent recours au dessin numérique (digital painting). Même si je préfère dessiner sur papier, l’outil numérique permet d’accélérer ma production, mes corrections d’élèves et mes retouches d’illustration (mais pas l’apprentissage des bases, qui pour moi devrait être fait sur papier… enfin chacun son avis sur la question!).
Après avoir passé des centaines d’euros dans des logiciels (comme Photoshop, Painter, Sketchbook pro et j’en passe), et voyant que mes élèves n’étaient pas spécialement en mesure de se permettre d’acheter des logiciels onéreux et des tablettes professionnelles, je me suis posé la question des solutions gratuites ou bon marché. D’ailleurs je pensais moi-même passer en “tout gratuit” d’ici les prochaines années (en espérant pouvoir remplacer mon bon vieux Photoshop qui pour l’instant m’est indispensable).
J’avais installé le logiciel GIMP il y a quelques années et j’avais trouvé cela imbuvable. Mais j’ai récemment essayé le logiciel Krita et je dois avouer qu’il m’a séduit immédiatement. Même s’il n’est pas encore aussi performant que Photoshop, il représente une solution gratuite pertinente pour tous les dessinateurs qui voudraient soit faire leurs premiers pas en dessin numérique, soit passer d’une solution payante à une solution gratuite.
En cherchant sur internet des tutoriels sur Krita, je suis tombé sur un artiste francophone talentueux: David Revoy. Malgré son emploi du temps très chargé, David a bien voulu répondre à mes questions (Pit content!).
Peux-tu te présenter pour les lecteurs qui ne connaîtraient pas ton travail?
Hé bien ça fait quatre ans que je suis l’auteur-dessinateur du webcomic Pepper&Carrot; une bande dessinée en ligne qui raconte les aventures humoristiques de la jeune sorcière Pepper et de son chat Carrot. Les épisodes sont diffusés sous une licence libre, les sources de la BD sont toutes à disposition et je n’utilise que des logiciels libres pour la création du tout. J’ai la chance que le projet soit populaire: de nombreux lecteurs financent le projet grâce au système du mécénat, de nombreux traducteurs rendent la BD plus accessible aux plus jeunes de chaque pays et enfin de nombreux contributeurs m’aident à la relecture pendant la création de nouveaux épisodes.
Quel cursus scolaire as-tu suivi? peux-tu nous en dire un peu plus sur ton parcours professionnel jusqu’à aujourd’hui?
J’ai embrayé ma carrière professionnelle en freelance directement après un Bac technologique en Arts Appliqués. A l’époque j’étais trop rebelle pour poursuivre plus d’études. J’ai donc quitté la voie scolaire pour une carrière de peintre sur toile et portraitiste de rue qui a vite évolué vers de l’illustration. Peu après, ma découverte d’Internet (vers l’an 2000) et de la peinture numérique m’a tellement enthousiasmé que j’ai troqué mon chevalet, mon stock de toiles et ma palette contre une tablette graphique, quelques bons logiciels et un PC. J’ai eu une carrière variée d’illustrateur, de concept-artist pour films et jeux vidéo. Puis vint la passion de l’informatique et du monde des logiciels libres ( open source ) et de Linux, ce qui a abouti plus ou moins à Pepper&Carrot en prenant de gros raccourcis.
Tu as cette particularité d’utiliser le maximum possible de logiciels open-source et gratuits que tu peux. Peux-tu nous en dire plus sur cette philosophie qui est tienne?
Je n’utilise que des logiciels open-sources et libres depuis 2009 pour toutes mes créations. Quand j’ai commencé ma carrière dans le numérique, la licence pour utiliser Photoshop coûtait environ 800€ et ce logiciel était obligatoire pour commencer à travailler avec des éditeurs/imprimeurs. J’ai connu de nombreuses mises-à-jour forcées où il fallait repayer, entrer des clefs et j’avais toujours le sentiment d’être limité et emprisonné par un système fait uniquement pour me faire débourser. J’ai donc fini par prendre les devants et m’en libérer définitivement en rejoignant des projets comme Mypaint puis Krita sous des systèmes GNU/Linux. Depuis, le paysage a bien changé: Photoshop coûte seulement 10€/mois et Windows 10 met à jour continuellement. Cependant, mes motivations ont évolué avec le temps; c’est à présent la protection de mes données personnelles, la collaboration sur mes outils pros et l’indépendance totale qui me font rester au 100% libre.
J’adore ton humour et les chutes dans tes webcomics. D’où te viennent tes inspirations aussi bien au niveau du dessin que du scénario?
Merci. Je me suis imprégné depuis ma petite enfance de BD franco-belge comme Léonard de Bob de Groot et Turk puis j’ai grandi dans les univers fantasy des jeux vidéos des années 90: Secret of Mana, Zelda sur SuperNes et aussi les mangas comme Dragon Ball et Docteur Slump d’Akira Toriyama. Niveau roman, je suis un fan de la saga du Disque Monde de Terry Pratchett. Pepper&Carrot est certainement un métissage de toutes ces influences qui m’ont constitué.
Notes-tu tes idées au fur et à mesure? As-tu des plans de caméra que tu visualises à l’avance? Fais-tu des storyboards? Peux-tu expliquer ton processus de travail, de l’écriture de ton script aux couleurs finales?
J’ai un peu de tout: des notes de dialogues, des décors que j’aimerais placer; des scènes orphelines qui traînent dans mes carnets de croquis. Mais c’est souvent autour d’un thème précis que je brode mes histoires. Un thème, une question, une chute; quelque chose de simple, surprenant et digeste qui souvent peut tenir dans quelques cases; puis j’étoffe autour de ce petit strip: plus de pages et la narration d’aventure sont plus parlants qu’un gag en trois temps. Dès que j’ai l’idée, j’essaie de faire un épisode brouillon le plus rapidement, avec crayons ou sur ordinateur en fonction de l’humeur du moment, et je le partage avec une audience de relecteurs pour avoir leur avis. Comme pour le développement logiciel, cette version est appelée l’alpha. Si l’histoire est caduque ou ne fonctionne pas, je change ou je répare pour ajuster jusqu’à ce que j’obtienne quelque chose qui fonctionne. Ce processus est en anglais dans Pepper&Carrot et me permet d’échanger avec des correcteurs du monde entier. Quand la version avec texte en anglais est solide, c’est la version “beta”; je divise les bulles et les dessins. Les bulles partent dans un système où les traducteurs adaptent la version anglaise dans leur langue pendant que je finis les dessins des planches et la colorisation dans Krita. Le jour de la publication de l’épisode, le tout est remélangé pour proposer un épisode dans une dizaine de langues dès sa sortie.
Comment t’organises-tu dans tes journées afin d’être productif? Comment se passe une journée type pour toi?
Je n’ai pas de routine si ce n’est que je travaille tout le temps, toute la journée, du matin au soir et souvent en week-end. Je fais encore souvent des nuits blanches pour essayer de faire coller l’épisode à ce que j’avais en tête. Je pense que c’est classique quand travail et passion sont mélangés.
J’ai vu que tu essayais d’intégrer pas mal de clins d’œil à des œuvres ou des choses que tu apprécies. Comment décides-tu de placer ce genre de détails graphiques dans tes planches?
C’est toujours difficile à faire; la licence de Pepper&Carrot étant libre, je ne peux pas intégrer de design non-libre ou de caméo directe. Je dois toujours passer par de la suggestion lointaine, un peu floue pour ne pas attirer de plainte pour violation de copyright tout en faisant hommage aux œuvres que je préfère. C’est un jeu de cache-cache.
J’ai remarqué que tu t’étais essayé à plusieurs rendus digitaux pour ton webcomics Pepper and Carrot, comme par exemple avec ou sans traits de contours visibles, effets de peinture aquarelle, rendu plus illustratif… Vois-tu cela plutôt comme une recherche de style ou essaies-tu de savoir ce qui plaît le plus aux internautes?
J’expérimente tout le temps; et je recherche par là, en fait, un plaisir de création et un rendu spécifique. En fonction de la technique par laquelle je commence (un crayonné, un dessin encré, un speedpainting), j’obtiens des rendus très différents à l’arrivée. Ça me permet de faire le tri, de me découvrir. Il y a certaines techniques qui sont barbantes et que je n’utiliserai plus jamais et d’autres que j’ai tendance à reprendre plus souvent. Je n’ai pas encore -après 27 épisodes et plusieurs centaines de pages- de réponse absolue sur le sujet.
Tu as l’air bien renseigné sur le droit à l’image. Pourrais-tu nous faire un topo bref sur les droits de diffusion liés à ta bande dessinée et à son univers? Peux-tu expliquer ton choix?
Pour Pepper&Carrot, j’utilise la licence Creative Commons Attribution 4.0; c’est une licence qui donne le droit de réutilisation même à des fins commerciales et le droit de modification tant que le nom des auteurs originaux apparaît (sans toutefois insinuer qu’ils ou elles sont responsables des modifications.) C’est avec cette licence que je travaille avec les éditions Glénat mais aussi avec d’autres éditeurs dans le monde. Ça ne me lie à aucune exclusivité.
Tu es en bonne voie pour vivre de tes webcomics à priori et peut-être que tu en vis déjà, ce que je trouve génial. Mais je pense que ce que les internautes n’imaginent pas, ce sont toutes les heures que tu passes à promouvoir ton travail, à répondre aux artistes en herbe ou aux fans. Quelle est la proportion de cet aspect de ton travail?
C’est exact: je fais toujours des commandes freelances de temps en temps pour remplir mes fins de mois. Il y a peut-être beaucoup de budget ‘par épisode’ pour Pepper&Carrot, mais les épisodes me prennent tellement de temps que ce n’est pas encore assez pour en vivre confortablement. C’est sûr aussi qu’avec des centaines d’emails par semaine, de PM de réseaux sociaux, de commentaires de blog, je ne peux pas répondre à tout. D’ailleurs cette interview m’a sans doute pris plus de 8 mois pour y répondre et valu plus de trois relances par email. (merci!) Un webcomic comme ça c’est un travail gigantesque où on ne peut pas réussir seul sur tous les fronts. Je choisis ici de prendre soin de rester en contact avec les contributeurs du projet les plus actifs et je me concentre avant tout sur le travail du scénario et les dessins. Pour mes emails, je me donne quelques jours entre les épisodes.
Certaines de tes cases sont animées. Quelles sont les raisons qui te poussent à animer les cases et quel(s) logiciel(s) utilises-tu?
J’utilise Gimp ou Krita pour animer ces cases. Ce sont des petits cycles d’animation (gifs) qui, dans certains cas, amènent un petit plus à l’histoire, une profondeur supplémentaire. Cependant, c’est très difficile à placer techniquement et scénaristiquement. Ça ne concerne que trois au quatre cases sur tout le projet.
Tu commences à être connu sur la toile, et je sais la pression qu’il peut y avoir quand des dizaines de milliers de personnes suivent ton travail. Comment gères-tu la pression des internautes et de la deadline (que tu t’imposes apparemment)?
Les deadlines sont importantes pour moi. Elles permettent de tenir un cap, d’apprendre à anticiper et parfois d’échouer aussi mais d’apprendre. Je n’ai pas trop de pression venant du public, j’ai vraiment un public en or. Comme j’ai fait mes débuts en tant que portraitiste de rue en plein festival d’Avignon, j’ai dû très vite apprendre à me détacher des réactions de l’audience et des nombreux regards par-dessus mon épaule dès les premiers traits de crayon. Ça peut paraître un peu égoïste, mais la pression que je me crée vient surtout de ma propre critique sur l’épisode en cours. Si je ressens que j’ai fait mon travail correctement, je suis souvent blindé contre toutes critiques. Je cours surtout après ces “applaudissements” intérieurs.
Quel est le temps approximatif que tu passes à créer un épisode de ton webcomic de A à Z (temps de communication sur les réseaux sociaux inclus)?
J’en suis à deux mois par épisode (un mois et demi dans le meilleur des cas) avec l’objectif de produire dans le futur un épisode complet par mois. Je n’en suis pas très loin, mais il faut encore un mois de 31 jours où rien ne se passe dans ma famille, sans trop d’anniversaires d’amis et avec quelques nuits blanches. Bref, c’est pas gagné!
Qu’a été ton véritable tremplin pour te faire connaître? as-tu l’impression que le processus a été plutôt progressif, ou y-a-t-il eu un événement particulier qui t’a propulsé sous les projecteurs?
J’étais déjà un peu connu avant, grâce à mon blog ou j’échangeais déjà des pinceaux, des tutoriels, des illustrations depuis 2003 environ. Quand j’ai lancé Pepper&Carrot en 2014, j’avais déjà une petite audience fidèle et je faisais partie de plusieurs communautés. Je me suis simplement concentré sur la série en parallèle de mes travaux freelances. Le reste a suivi tout seul, progressivement, sans budget pub, sans communication.
Pepper and Carrot est aussi publié en version livre papier. As-tu été démarché par des éditeurs sur le tas? as-tu fait des démarches par toi-même? peux-tu nous en dire un peu plus à ce niveau?
Ce sont des éditeurs de plusieurs pays qui m’ont démarché. Ils ont aimé la série, m’ont demandé comment il était possible de collaborer et je leur ai expliqué mon système: ils ont accès à tout et peuvent publier sans avoir à me reverser un centime. Mais si ils aiment le projet, ils peuvent devenir mécènes et donc ainsi partenaires du projet en contribuant à la santé du projet. Un système qui se repose simplement sur du donnant-donnant.
Je n’ai jamais vu un webcomics traduit en plus de 21 langues, c’est impressionnant. Comment ce miracle a-t-il pu être possible? Peux-tu nous en dire un peu plus sur les contributeurs et l’aide que tu reçois en coulisses?
Merci. C’est un système de traduction que j’ai mis au point. Son gros avantage est de n’utiliser que des logiciels libres et des formats ouvert et standard. Ainsi, n’importe qui, avec un PC sous Linux, Mac ou Windows, peut accéder au fichier sources, installer les logiciels nécessaires, les polices d’écritures libres et contribuer/éditer les pages. Nous utilisons Framagit et IRC pour collaborer et toute la documentation se trouve sur le site web de Pepper&Carrot pour faire une traduction. Avec le temps, c’est une quarantaine de contributeurs plus ou moins actifs qui sont autour du projet et qui m’aident aussi bien dans la partie logiciel, relecture que pour le site web, les scénarios, etc… La liste de leurs noms est toujours en bas de chaque épisode et dans la page “auteur”.
Ça ne semblait pas être le cas au début, mais j’ai maintenant l’impression que certains lecteurs te reprochent un peu le format de ta bd: histoires courtes aboutissant sur une chute comique. Comment expliques-tu ce phénomène et comment vois-tu l’avenir du format de ton webcomic ?
C’est difficile de maintenir ce format et certains fans voudraient en savoir plus sur l’univers, les personnages secondaires et les intrigues. Un format court m’empêche de développer des longs dialogues, des arcs épiques et des scènes dramatiques. Je m’essaie donc à présent à des histoires plus longues sous forme de trilogies d’épisodes. Chaque épisode conserve toujours sa propre fin, son propre gag mais s’inscrit aussi dans une histoire plus grande. C’est une gymnastique intellectuelle qui me plaît.
Si tu devais donner un conseil à un apprenti dessinateur, voire à un apprenti bédéka, que lui conseillerais-tu?
Je lui conseillerais de s’amuser en dessinant, d’explorer graphiquement, de lire et regarder tout ce qui se fait, sans jamais penser qu’il faut faire de telle ou telle façon pour en vivre, ou voir telle façon comme ‘le standard dans l’industrie’. Ce ne sont que des paquets de mensonges. Ce sont eux qui détiennent l’avenir de la BD de 2020 et 2030; ils ont une culture unique de l’écran, d’internet, un ressenti spécial de leur époque… bref ils ont toutes les clefs en main pour être les auteurs de demain.
Où peut-on trouver ton travail, tes tutos et tout ce qui est lié à ta bande dessinée?
Pepper&Carrot est ici https://www.peppercarrot.com et mon blog geek de tutos est là https://www.davidrevoy.com
Merci!
Un grand merci à toi David pour le temps que tu nous as accordé!
Allez plus loin avec ma formation complète sur le digital painting:
Profitez de tous les avantages de la technologie avec cette formation qui vous apprend à passer du dessin traditionnel au dessin sur tablette numérique, même si vous êtes nul en informatique.
Venez apprendre à dessiner et peindre des images incroyables sans vous salir !
En ce qui concerne l’apprentissage du dessin numérique sur tablette, je trouve dommage d’imposer un logiciel qui n’existe que sur Ipad. C’est très pénible de subir le diktat d’Apple et de leurs logiciels Propriétaires…
Un Ipad étant 3 à 4 fois plus cher qu’une tablette androïd de même puissance.
N’est-il pas possible de trouver une application présente sur les deux OS ?
Plutôt que d’imposer l’utilisation d’un Ipad couteux ?
Aucune idée.
Personne n’oblige qui que ce soit à acheter un ipad.
Si aucun logiciel open source n’existe sur IOS, ce n’est ni de notre responsabilité, ni de notre ressort.
Cool l’article ! Des informations que je cherchais depuis quelques temps. Merci !
Je viens de débuter sur tablette graphique avec écran XP-Pen Artist 12 Pro , et grâce à cette article, j’ai appris beaucoup de choses sur ces logiciels de dessin !
Merci pour cette interview très intéressante, je ne connaissais pas cet artiste, son style est très doux, je vais le suivre avec attention <3.
I love.J’adore ses dessins mais je suis plus dessin graffiti
Super cette interview de David, merci !!
Très chouette le travail de David, j’adore son style de dessin. Comme je suis moi aussi branchée logiciels libres, je vais suivre ce qu’il fait avec attention.
Hello, I’ve been trying to contact Pit. I want to take the Monge course, but the link is broken.
Hi Jim,
here is another link: https://www.apprendre-a-dessiner.org/jean-baptiste-monge-illustrator-secrets/
if this one doesn’t work please write me an email: pit@dessin.club
Merci beaucoup pour cet article inspirant. Je rêve de faire un projet BD un jour. Je vais essayer de suivre les conseils de David.
Merci Pit pour cette idée d’interview avec David Revoy. Après avoir visionner cette petite vidéo, j’ai envie d’essayer le dessin numérique !!!!
Bonjour, Je travaillais sur Photoshop pour réaliser mes illustrations. Puis j’ai découvert “Krita” il y a peu et je dois admettre que le logiciel m’a également beaucoup séduit. Non seulement il est gratuit mais en plus cela m’a permis de dire au revoir à Photoshop car je n’aime pas trop la mentalité de paiement de Adobe.
Super interview !! Merci pour toutes ces infos!
Merci à David surtout pour avoir pris le temps
Super idée l’interview. Merci !
avec plaisir